Le directeur de l'informatique - à l'époque, l'équivalent d'un DSI - n'avait pas l'air beaucoup plus sophistiqué que le gars qui livrait les terminaux. Cependant, il avait sous sa responsabilité l’informatique d’une entreprise de 300 personnes, alors qu’il avait obtenu son diplôme universitaire seulement un an avant moi. Il connaissait les terminaux UNIX et le système d’administration mieux que personne, mais il ne savait sûrement pas combien de clients avait l’entreprise ou combien de transactions étaient réalisées chaque jour et encore moins les revenus de l'entreprise ou sa rentabilité.
Avance rapide jusqu'au Midmarket CIO Forum 2012, alors que des centaines de DSI se sont réunis pour discuter des technologies de l'information. Le contraste entre les pros de mon passé et leurs homologues modernes est frappant. Lors de la conférence, toutes les personnes que j'ai rencontrées avaient le sens des affaires, étaient confiantes et impressionnantes.
Oui, le sens des affaires.
Bien sûr, ils peuvent avoir un côté « geek » quand ils en ont besoin. Mais leurs conversations ne tournaient pas autour des bits et des octets ou de vitesse de transaction. Ils parlaient de stratégies d'affaires pour augmenter leurs bénéfices et de budgétisation par rapport à CAPEX vs OPEX pour maximiser la rentabilité.
Au cours de la dernière décennie, la technologie est devenue plus étroitement liée aux modèles d'affaires et à la satisfaction globale de la clientèle. En conséquence, l'informatique est passée d'une faible priorité à une priorité élevée, d’un poste de coûts à une source de profits, de non-stratégique à stratégique.
Aujourd'hui, le DSI est un cadre clé au sein de l'organisation. En fait, le DSI est devenu l’un des bras droit du PDG et est souvent présent aux conseils d’administration. Non seulement, ils sont au courant des stratégies d'affaires de leur organisation et dans de nombreux cas, ce sont même eux qui les conduisent.
Un sondage informel lors de la conférence a confirmé que le DSI ne fait plus de rapport aux DAF, comme ce fut le cas par le passé. Aujourd'hui, la majorité des DSI relèvent directement du chef de la direction.
A l'inverse, les équipes informatiques et les DSI qui n'ont pas évolués dans ce sens, ne sont plus dans leur rôle et pourraient être poussé vers la sortie. Le fait est que, dans de nombreuses entreprises, le rôle du DSI ou de l'informatique en général peut être précaire. Les entreprises ont besoin de déployer et d’exploiter la technologie à un rythme de plus en plus rapide pour être compétitif. Et si les DSI ne peuvent pas suivre le rythme ou mener l'innovation, ils courent le risque de devenir inutile. Les entreprises devront alors trouver un moyen de faire les choses sans eux.
Alors que certains prétendent que ce poste est destiné à disparaître, je crois au contraire qu’il perdurera. Bien sûr, le DSI devra devenir plus souple, plus innovant et avoir le sens des affaires pour maintenir l'entreprise compétitive, mais avoir quelqu'un avec une vision globale de l'informatique est indispensable.
Ce qui est plus probable, c’est que l’intérêt pour les IT et les personnes qui dirigent ces organisations continuent à gagner de l'influence au sein des entreprises. En fait, je m'attends à ce que plus d'un futur PDG aient sur son CV des bases solides en informatique, sinon une expérience dans ce domaine car les stratégies seront de plus en plus basées sur l'utilisation efficace de la technologie.